vendredi 28 novembre 2008

L'Éthiopie prévoit le retrait de ses troupes "d'ici la fin de l'année


L'Ethiopie a annoncé à l'Union africaine (UA) et à l'ONU que ses troupes seraient complètement retirées de Somalie "d'ici la fin de l'année", plaçant la force de paix africaine sur place dans une situation difficile face aux extrémistes islamistes.

"Dans une lettre envoyée le 25 novembre au président de la Commission de l'UA, Jean Ping et au secrétaire général de l'Onu, Ban ki-Moon, (...) le ministre des Affaires étrangères Seyoum Mesfin a affirmé que l'Ethiopie avait décidé de se retirer d'ici la fin de l'année", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères éthiopien, Wahide Belay.

"Il est inapproprié pour l'Ethiopie de maintenir ses troupes en Somalie. Nous avons fait notre travail et en sommes fiers, mais les attentes que nous avions placées dans la communauté internationale ont été déçues", a-t-il expliqué.

"Cela dit nous avons l'intention de nous retirer de manière responsable", a-t-il indiqué, "nous avons la conviction qu'il ne doit pas y avoir de vide".

Le corps expéditionnaire éthiopien en Somalie, estimé à plus de 3.000 hommes, sert de force de protection de la mission de paix de l'UA (Amisom) déployée à Mogadiscio.

Selon un accord signé fin octobre à Djibouti entre le gouvernement somalien de transition et son opposition, dominée par les islamistes modérés, les troupes éthiopiennes déployées en Somalie devaient se retirer de certaines parties des villes de Beledweyne (centre) et de Mogadiscio avant le 21 novembre et de tout le pays d'ici début 2009.

Il a commencé à être appliqué dès le 17 novembre, mais a été catégoriquement rejeté par les Shebab, des combattants islamistes extrémistes qui mènent des attaques meurtrières quasi-quotidiennes.

Le dirigeant islamiste somalien Sheikh Hassan Dahir Aweys s'est montré sceptique vendredi face à l'annonce d'Addis Abeba.

Il a aussi confirmé les craintes de l'UA: "il n'y a pas de différence entre les troupes éthiopiennes et l'Amisom, les deux tuent des femmes et des enfants, et ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes".

Le représentant spécial de M. Ban pour la Somalie, Ahmedou Ould Abdallah, a quant à lui estimé que "ce qui nous intéresse tous, c'est la stabilité en Somalie. Il faut donc que les membres permanents du Conseil de Sécurité, que l'UA et l'Union Européenne (UE) discutent sans délai avec l'Ethiopie de ce retrait (...), à comprendre (sa) position et à (lui) donner tous les appuis nécessaires pour éviter un vide sécuritaire", a-t-il précisé à l'AFP depuis Bruxelles.

M. Ould Abdallah a rappelé que "le Conseil de sécurité de l'Onu et l'UA ont approuvé l'intervention éthiopienne en Somalie, mais qu'ont reçu les Ethiopiens en terme d'appui matériel ou financier?", a-t-il demandé.

"Ma seconde réaction c'est de dire aux Somaliens qu'avec cette annonce du retrait des troupes éthiopiennes, ils n'ont plus de raisons de se battre entre eux (...) plus de prétexte et ils doivent faire preuve de maturité et s'entendre", a souligné le diplomate mauritanien.

Enfin M. Ould Abdallah a annoncé qu'il avait rencontré "à Bruxelles Javier Solana (le diplomate en chef de l'UE) pour évoquer cette question, et il s'est dit préoccupé".

Interrogé jeudi sur un possible retrait éthiopien de Somalie, Jean Ping, avait lui estimé qu'il s'agissait "d'un scénario possible, un scénario catastrophe..."

"Les Ethiopiens envisagent de se retirer purement et simplement, et nous savons que certaines troupes africaines dans ces conditions menacent, elles aussi, de se retirer. Mais ce n'est pas le seul scénario", avait-il déclaré évoquant la possibilité d'un stationnement des éthiopiens de leur côté de la frontière somalienne.

L'Amisom comprend des contingents burundais et ougandais pour un effectif total de 3.400 hommes, mal équipés et présents seulement dans la capitale Mogadiscio depuis mars 2007.

L'armée éthiopienne était intervenue en Somalie officiellement fin 2006. Le régime d'Addis Abeba avait alors argué que les islamistes, qui contrôlaient une partie de la Somalie, représentaient une menace pour

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