vendredi 31 octobre 2008

YouTube - American Stories, American Solutions: 30 Minute Special


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Une puissance africaine en devenir



Publié dans La Lettre Diplomatique n° 82 Deuxième trimestre 2008
S.E.Mme / H.E. Tadelech HAILE MIKAEL
Située au cœur d’une Corne de l’Afrique fragilisée par des conflits successifs, en proie au terrorisme et aux crises alimentaires, l’Ethiopie fait figure de puissance régionale. Près d’un an après les célébrations du deuxième millénaire, S.E.Mme Tadelech Haile Mikael, Ambassadeur d’Ethiopie en France, décline pour nous ses aspirations en faveur de la stabilité et du développement économique de la plus ancienne nation africaine.

La Lettre Diplomatique : Madame l’Ambas-sadeur, l’Ethiopie a célébré en septembre 2007 ses deux milles ans d’existence. Quelle signification pouvez-vous donner à ces célébrations ?

S.E.Mme Tadelech Haile Mikael : L’Ethiopie a célébré son millénaire le 12 décembre 2007. Ce décalage de huit ans s’explique parce que le calendrier éthiopien correspond au calendrier julien, dont l’année couvre une période allant du 11-12 septembre 2007 au 11-12 septembre 2008 du calendrier grégorien.
Notre pays est considéré comme le berceau de l’humanité. La valeur des richesses historiques et culturelles de l'Ethiopie ne font pas seulement la fierté des Ethiopiens mais de l’Afrique toute entière. Elle représente un patrimoine exceptionnel qui joue, en effet, un rôle clé dans la connaissance des origines de l’homme. C’est pour ces raisons que l’Union africaine et l’UNESCO ont décidé d’adopter le millénaire éthiopien en tant que millénaire africain.
L’Ethiopie saisit également l’opportunité de ces célébrations non seulement pour valoriser son image et consolider ses liens d’amitié avec tous les pays du monde, mais également pour promouvoir le continent africain. De plus, le millénaire représente une occasion de faire valoir les atouts propres à notre pays en vue d’attirer de nouveaux investissements étrangers et de développer notre secteur touristique. En quelques mots, notre objectif est donc de promouvoir à travers ces célébrations, la visibilité de notre pays en France et dans les autres pays européens.

L.L.D. : Après avoir été prisonnière de conscience pendant douze ans, vous vous êtes beaucoup impliquée en faveur de la situation de la femme dans votre pays, en assumant notamment deux portefeuilles ministériels relatifs à cette question entre 1993 et 2002. Eu égard à votre expérience personnelle, quel regard portez-vous sur l’évolution de la société éthiopienne et, plus particulièrement, sur la place de la femme en son sein ?

S.E.Mme T.H.M. : L’absence de démocratie et la dictature militaire ont en effet engendré l’arrestation, la disparition et l’exécution de plusieurs personnes en Ethiopie. La fin de la dictature en 1991 a représenté pour moi, comme pour de nombreuses autres victimes de la junte, un moment historique puisque c'est cette année là que j'ai été libérée après de longues années d'emprisonnement. L’Ethiopie a pu ensuite se consacrer pleinement à son développement socio-économique et politique.
D’une manière générale, le développement requiert la participation de l’ensemble de la population et surtout celles des femmes qui représentent 50% de la population éthiopienne. Cette cohésion nous a permis d’atteindre nos objectifs, à savoir l’instauration d’une bonne gouvernance, le développement du pays et le maintien de la paix.
Qui plus est la question de la Femme en Ethiopie est devenue un sujet central. A la faveur des articles 35 et 36 de la constitution éthiopienne, le droit des femmes et des enfants est devenu le point de départ d’une politique dans ce domaine. Ce mécanisme institutionnel nous permet d’intégrer les questions de la femme dans tous les projets et programmes de développement du pays. Le rôle de la femme dans l’essor du pays occupe ainsi une place primordiale pour préserver la paix, tant au niveau de la famille qu’au niveau de la communauté.

L.L.D. : A l’été 2007, les autorités éthiopiennes ont libéré certains dirigeants et militants des deux principaux partis de l’opposition arrêtés lors des tensions post-électorales de 2005. Cette initiative marque-t-elle, selon vous, une nouvelle avancée de la démocratisation de votre pays ? Pour quels motifs ces partis ont-ils toutefois décidé de boycotter les élections locales en avril dernier ?

S.E.Mme T.H.M. : Dans notre histoire politique, les élections de 2005 ont marqué une nouvelle avancée vers la démocratisation de l’Ethiopie. Ce scrutin a également constitué un défi pour notre pays. De mon point de vue, la démocratie en Afrique ne doit pas seulement se limiter au bon déroulement des élections en général, mais elle doit aussi permettre d’œuvrer en faveur du développement politique, socio-économique et culturel d’un pays. Le boycott d’une élection n’est pas une solution qui favorise le progrès de la démocratie, mais une obstruction à son épanouissement. En fait, les représentants des différents partis de l'opposition n’ont pas su saisir cette opportunité pour se faire entendre et ont plutôt préféré opter pour ce que je qualifierais de « solution simpliste » : le boycott. Or, ce n’est pas par ce biais que l’on peut porter à la connaissance de la population les points de vue et les programmes politiques des différents partis, mais grâce aux débats au sein de l’Assemblée nationale.

L.L.D. : Affichant une croissance oscillant autour de 10% depuis quatre ans, l’Ethiopie se place en tête des économies non-pétrolières les plus dynamiques d’Afrique. Comment définiriez-vous les atouts de la stratégie de développement poursuivie par le Premier ministre Meles Zenawi ? Au-delà des performances de l’agriculture éthiopienne, dans quels autres secteurs votre pays peut-il diversifier ses sources de revenus et accroître sa compétitivité ?

S.E.Mme T.H.M. : L’Ethiopie figure en effet parmi les pays non producteurs de pétrole étant parvenus à atteindre une croissance économique de 10% au cours de ces dernières années. Mais pour atteindre de tels résultats, il a été essentiel d’élaborer une stratégie de développement efficace s’appuyant étroitement sur les réalités du pays. Les initiatives adoptées en matière de décentralisation politique et de réforme économique ont en effet permis à l’Ethiopie d’instaurer un climat favorable pour l’essor des régions qui composent le pays. Les différentes ethnies et les femmes en particulier ont réussi à trouver leur place dans ce processus pour définir leurs besoins et participer pleinement au dynamisme du pays. C’est en fait la diversification de la stratégie de développement dans tous les secteurs d’activité qui a permis à l’Ethiopie d’enregistrer un tel rythme de croissance économique.
Il existe actuellement beaucoup d’opportunités pour les investisseurs étrangers en Ethiopie, notamment dans les secteurs de l’agro-industrie, des infrastructures routières, de la production de matériaux de construction, dans l’hôtellerie et pour la création de PME-PMI, etc... L’environnement des affaires est largement favorable aux entrepreneurs. Le code de l’investissement est très clair à cet égard. Un processus de privatisation a également été mis en œuvre dans certains secteurs de l’économie. En somme, je pourrais résumer comme suit les conditions favorables à l’investissement en Ethiopie :
- Le potentiel du marché : avec plus ou moins 75 millions d’habitants, l’Ethiopie peut être considérée comme une terre d’accueil rentable pour les investissements.
- Le climat : une grande diversité géographique comprenant dix-huit zones écologiques et cinq zones climatiques permettent d’exploiter différents types de cultures. L’agriculture et les industries agro-alimentaires demeureront de ce fait pour longtemps des secteurs prioritaires du développement économique du pays.
- Des atouts majeurs : l’Ethiopie a la particularité d’offrir l’un des climats des affaires les plus transparents parmi les pays en développement. Au sein du groupe des PMA (pays les moins avancés), il s’agit peut être de l'un des pays qui affichent les plus faibles taux de corruption administrative. Les crimes sont également rares et le niveau de sécurité des personnes et de la propriété est élevé.

L.L.D. : A la faveur des projets d’infrastructures et du programme de privatisation du gouvernement, de nouvelles opportunités se font jour en faveur de l’essor du secteur privé et, plus précisément, des investisseurs étrangers. Comment décririez-vous le processus d’ouverture de l’économie éthiopienne ?

S.E.Mme T.H.M. : Durant la dictature, entre 1975 et 1991, puis les premières années de la transition, l’Ethiopie a beaucoup souffert sur le plan social mais aussi économique. Le régime militaire avait étatisé tous les secteurs de l’économie. La mise en place de monopoles d’Etat s’est d’ailleurs ressentie sur le niveau des prix en général.
Dans ces conditions, le gouvernement s’est engagé dans un processus de développement dont il faut comprendre qu’il est mis en œuvre progressivement. L’ouverture du marché a ainsi été engagée, tout d’abord par l’octroi de licences commerciales, par l’adoption d’un code des investissements, mais également au travers d’une stratégie commerciale avec l’organisation de foires commerciales dans différents secteurs d’activités. Des progrès ont également été accomplis pour améliorer l’environnement des affaires. Un code sur la propriété intellectuelle a par exemple été adopté et je tiens à souligner que le gouvernement manifeste dans ce domaine une réelle volonté, en collaboration avec des organisations comme l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) qui a d’ailleurs installé un bureau de représentation en Ethiopie.

L.L.D. : Au-delà des performances de son secteur agricole, votre pays reste vulnérable aux crises alimentaires. Quelles sont les priorités pour consolider l’économie éthiopienne ? Dans quels secteurs votre pays peut-il accroître sa compétitivité, notamment en vue des projets de privatisation prévus par le gouvernement ?

S.E.Mme T.H.M. : Pour renforcer la sécurité alimentaire, l’une des principales priorités du gouvernement demeure le renforcement du réseau d’infrastructures routières et de voirie en général. L’Ethiopie étant un pays très montagneux, les difficultés d’accès à certaines régions lors des périodes de sécheresse rendent urgentes les avancées de ce programme routier. Un nouvel élan est également donné au développement du pays par le biais du processus de décentralisation et de la consolidation des pouvoirs des régions afin d’encourager et faciliter leur participation au dynamisme économique de l’ensemble du pays. C’est une démarche qui s’avère d’ailleurs positive et, au-delà, qui contribue à renforcer le sentiment d’appartenance nationale.
L’essor de l’agro-industrie constitue également une autre priorité de la politique économique conduite en Ethiopie. Des mesures ont par ailleurs été prises pour favoriser l’essor de secteurs d’activité comme l’horticulture. L’Ethiopie est un pays agricole. 85% de la population vit directement ou indirectement de la culture de la terre. Nous sommes aujourd’hui le premier exportateur africain de café. 50% de nos exportations agricoles, notamment de viande, sont destinées aux pays du Moyen-Orient. Cet aspect de notre économie est d’ailleurs particulièrement intéressant et certains investisseurs ont bien compris l’atout géographique dont dispose notre pays, au cœur de l’Afrique de l’Est et aux portes du Moyen-Orient, offrant ainsi autant de débouchés commerciaux au-delà de nos frontières.
Pour répondre à votre deuxième question, un certain nombre de privatisations ont en effet été lancées. Il reste aujourd’hui de grands monopoles publics, notamment dans le domaine des télécommunications et des banques. L’une des principales préoccupations du gouvernement reste toutefois de maintenir un équilibre entre les entrepreneurs nationaux et les entrepreneurs étrangers. Ce processus implique donc d’avancer étape par étape, afin de préparer l’économie éthiopienne à accueillir les investisseurs étrangers dans des conditions de concurrence équilibrées.
Le secteur bancaire a, par exemple, déjà été ouvert aux investisseurs nationaux et il présente aujourd’hui un paysage relativement diversifié. L’ouverture aux investisseurs étrangers interviendra sans doute prochainement. C’est également le cas du secteur des télécommunications. Ce secteur connaît aujourd’hui un fort développement. Si les premières entreprises étrangères a être venues s’implanter étaient suédoises, le marché éthiopien intéresse de plus en plus des entreprises japonaises, chinoises et même françaises avec Alcatel. France Télécom a récemment conclu une coopération au titre de l’aide publique au développement avec la compagnie nationale ETC.

L.L.D. : Le conflit interne en Somalie, où les troupes éthiopiennes sont intervenues pour soutenir le gouvernement fédéral de transition (GFT) et les tensions latentes entre votre pays et l’Erythrée font de la Corne de l’Afrique une zone extrêmement fragile. Comment évaluez-vous le poids de l’instabilité régionale sur l’Ethiopie ?

S.E.Mme T.H.M. : Je dois dire que dans un contexte plutôt instable de part et d’autre de la Corne de l’Afrique, notre pays reste relativement épargné, grâce avant tout à l’intérêt que partage l’ensemble de la population, dans toute sa diversité, à maintenir sa cohésion en faveur du développement du pays. Cet intérêt repose d’ailleurs sur un véritable sentiment d’appartenance national, résultant pour une large part du patrimoine immatériel de l’Ethiopie, riche d’une longue histoire qui demeure encore profondément ancrée dans l’esprit des Ethiopiens.
L’intervention de l’armée éthiopienne en somalie a cependant un coût, mais le coût de la stabilité se révèle bien plus important.
L’arbitrage du contentieux frontalier avec l’Erythrée a également un coût, si l’on considère ce que représente la cession d’une ville comme Badmé qui, historiquement, fait partie intégrante de l’Ethiopie, et auquel il faut ajouter les pertes humaines du conflit qui a opposé les deux pays à la fin des années 1990.

L.L.D. : Avec l’effondrement de l’Etat de droit en Somalie, la Corne de l’Afrique est devenue depuis le 11 septembre 2001 une zone stratégique de la lutte contre le terrorisme. Comment percevez-vous la situation en Somalie et, plus particulièrement, la menace que posent encore les groupes terroristes sur la sécurité de la région ?

S.E.Mme T.H.M. : Je tiens tout d’abord à souligner que notre région n’a pas découvert la menace du terrorisme avec le 11 septembre 2001. Bien auparavant, des attentats terroristes ont été commis comme en 1996, contre le Président égyptien Osni Moubarak.
L’Ethiopie a été entraînée dans le conflit inter-somalien. Dès avant l’hiver 2006, des infiltrations terroristes en territoire éthiopien ont obligé le gouvernement à réagir. Notre pays avait-il le choix ? Il ne pouvait attendre qu’une force multilatérale soit mise en place, dont on voit aujourd’hui qu’elle requiert au-delà de la volonté politique, des moyens financiers et logistiques.
L’ensemble des pays concernés par ce conflit est aujourd’hui satisfait de l’intervention de l’Ethiopie en Somalie. La formation du gouvernement provisoire somalien a été soutenue par l’Union africaine, les Nations unies et l’Union européenne. L’ensemble des partenaires sont également conscients qu’ils portent le fardeau de la lutte contre le terrorisme dans la Corne de l’Afrique. Nous avons à cet égard établi une coopération avec les Etats-Unis, notamment en matière de renseignement et d’échanges d’information.
Une certaine stabilité a été restaurée en Somalie avec le rétablissement des institutions de l’Etat. Je crois que les organisations terroristes sont aujourd’hui sérieusement affaiblies, même si l’on ne peut écarter aucun risque de reprise d’un conflit de large envergure comme ce fut déjà le cas. De plus, les discussions qui se sont tenues récemment à Djibouti ont ouvert certaines perspectives pour la reprise du dialogue et peut-être d’une réconciliation, même si les éléments les plus durs de l’opposition au gouvernement provisoire somalien restent hostiles à un compromis pacifique. Mais, je pense vraiment qu’il existe maintenant une opportunité de relancer le dialogue inter-somalien.

L.L.D. : Avant de prendre vos fonctions à Paris, vous avez assumé celles d’Ambassadeur d’Ethiopie en Côte d’Ivoire au moment où ce pays traversait une grave crise politique. Au-delà de ce cas et tenant compte de la situation du Darfour, quelle est votre vision des fragilités politiques, économiques et sociales à la source des conflits africains ?

S.E.Mme T.H.M. : La crise en Côte d’Ivoire a justement commencé quelques mois après mon arrivée en qualité d’Ambassadeur d'Ethiopie à Abidjan. Mais je tiens en premier lieu à souligner que les conflits en Afrique revêtent plusieurs dimensions. Ils peuvent découler tant de conditions intérieures que du contexte extérieur. La diversité ethnique et l’existence de multiples cultures régionales au sein d'un même pays représentent en général un atout, mais elles peuvent aussi se manifester comme un défi en l’absence d’une bonne gouvernance. Tous ces conflits, que ce soit en Côte d’Ivoire, dans la région du Darfour, en Ethiopie, etc… sont cependant la cause du manque de développement économique. Pour lutter contre la pauvreté endémique, l'Afrique a donc tout d’abord besoin d'une paix durable. L’insuffisance d’institutions à la hauteur de la démocratie ne facilite pas la tâche de ce point de vue. Avec le phénomène de mondialisation, il est toutefois devenu tellement simple d’exagérer les problèmes lorsqu’il s’agit de l’Afrique. Par conséquent, l’absence de paix en Afrique peut aussi constituer un problème en Europe ou ailleurs. Ces défis doivent être appréhendés dans un contexte global.

L.L.D. : Votre pays a été élu le 25 octobre 2007 membre du Conseil exécutif de l’UNESCO auprès de laquelle vous assurez également les fonctions d’Ambassadeur, Délégué permanent de l’Ethiopie. Quels doivent être, selon vous, les priorités du programme de travail de l’UNESCO pour la période de 2008-2009 ? Comment s’articule la coopération entre votre pays et l’UNESCO, notamment en vue de l’accomplissement des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et en particulier des objectifs de Dakar concernant l’Education pour tous ?

S.E.MmeT.H.M. : Pour accomplir les Objectifs du millénaire et, plus particulièrement, celui d’une « Education pour tous », l’UNESCO a mis en exergue sa volonté de donner la priorité au travail des institutions (comme l’Initiative pour la formation des enseignants en Afrique subsaharienne ou TTISSA) visant à permettre à l’Afrique d’accomplir ses objectifs. L’UNESCO doit en effet se concentrer sur cette priorité en Afrique. L’Union africaine a, pour sa part, axé ses efforts dans les domaines de la résolution des conflits et de l’éradication de la pauvreté et des maladies pandémiques comme le paludisme et le VIH/SIDA. Toutefois, la stabilisation de certaines zones où les tensions perdurent demeure une nécessité fondamentale.
L’ancrage d’un processus de développement et d’un climat de paix durables en Afrique constitue par ailleurs une donnée essentielle pour enrayer le phénomène d’immigration non souhaité par les pays du Nord. C’est un sujet d’actualité qui sature actuellement la politique mondiale. Le développement économique de l’afrique requiert pour cela l’apport d’investissements permettant l’exploitation de ses diverses richesses, aussi bien que la création des emplois dont a besoin la jeunesse du continent. C’est ce que l’Union africaine et la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (UNECA) souhaitent accomplir. Comme beaucoup de pays africains, l’Ethiopie s’est fixée en ce sens comme objectif principal l'éradication de la pauvreté par l’essor de son économie, processus qui inclut une forte participation de ses partenaires.

L.L.D. : La France a adopté en février dernier une convention fiscale avec l’Ethiopie complétant l’accord d’encouragement et de protection réciproque des investissements. Dans quels secteurs d’activités les opportunités d’intensification des échanges économiques bilatéraux vous paraissent-elles les plus prometteuses ?

S.E.MmeT.H.M. : La Chambre des représentants du peuple de l'Ethiopie a en effet ratifié l’accord d’encouragement et de protection réciproque des investissements signé entre les deux pays en mai 2008. Cet accord permet de faciliter et simplifier les démarches pour que les entreprises françaises investissent dans l’économie éthiopienne.
Les investissements français sont d’ailleurs attendus dans différents secteurs d’activités porteurs comme l'agro-industrie, les mines, la construction de routes ainsi que dans le tourisme. Déjà implanté en Ethiopie, le groupe Accor est, par exemple, en train de construire son premier hôtel à Addis Abeba. De même, il existe de nombreuses opportunités pour les investisseurs français qui souhaitent s’impliquer dans le secteur du cuir (chaussures et vêtement). Il faut bien comprendre que l’Ethiopie représente un grand marché et un carrefour reliant l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. Tout investisseur français sera toujours le bienvenu dans notre pays.
Concernant la relation bilatérale, je tiens à souligner que l’Ethiopie et la France jouissent de très bonnes relations diplomatiques qui méritent de s’intensifier au-delà du dialogue politique, pour progresser dans les domaines économique et culturel, et qui s’illustrent notamment au travers des jumelages qui existent dèjà entre nos villes et nos institutions. Notre pays est également en train de préparer son adhésion à l’Organisation internationale de la Francophonie en qualité de membre observateur. La situation actuelle présente donc tous les facteurs positifs et encourageants ouvrant la voie à un avenir encore meilleur.

L.L.D. : Pouvez-vous d’ores et déjà anticiper un intérêt accru des entrepreneurs français pour le marché éthiopien ?

S.E.Mme T.H.M. : Le potentiel le plus prometteur de la coopération économique entre l’Ethiopie et la France réside dans des secteurs comme l’agro-industrie, où des opportunités existent aujourd’hui notamment dans la chaîne de production de viande, mais aussi l’horticulture où des entreprises françaises sont déjà présentes, ainsi que dans le secteur des infrastructures.
Mais pour intensifier ces échanges, il est désormais nécessaire de prendre de la distance par rapport aux concepts dépassés tels que, par exemple, la distinction faite entre Afrique francophone et anglophone, qui s’est beaucoup estompée surtout si l’on raisonne en terme de potentiels d’investissement. De plus, n’ayant pas vécu la colonisation ou subit de profonde influence extérieure, l’Ethiopie ignore la notion de partenariat privilégié au sens traditionnel de ce terme.
L’intérêt des entreprises françaises tend en effet à se faire ressentir davantage. Mais il existe aussi un fort intérêt en Ethiopie à l’égard du savoir-faire français dans certains domaines et, plus largement, en vue de développer les échanges commerciaux avec la France. Je dois cependant préciser que ces prédispositions ne se sont pas encore traduites de manière réellement significative. Les investisseurs les plus actifs sont aujourd’hui les entreprises asiatiques, notamment les entreprises chinoises, indiennes et japonaises, même si notre pays cherche à se doter du plus vaste éventail de partenaires possible.
Je voudrais également évoquer la question de l’image qui a été étiquetée à notre pays. L’Ethiopie d’aujourd’hui n’est plus la même que celle de la fin de la dictature militaire. Elle a souffert, entre le milieu des années 1970 et 1991, de la mal-gouvernance et de l’isolement, se retrouvant de fait écartée des grands progrès notamment technologiques accomplis à travers le monde durant cette période. Or, le régime qui gouvernait alors l’Ethiopie ne se focalisait que sur le maintien et le renforcement de l’unité nationale et de l’intégrité du territoire, délaissant le développement du pays et laissant ainsi se propager des famines qui continuent de nous nuire aujourd’hui.
Or, cette image à trop souvent tendance à persister dans l’esprit de nombreux Occidentaux, alors qu’elle ne correspond plus à la réalité du pays. Des efforts considérables ont été faits et portent leurs fruits progressivement. La sécurité alimentaire demeure une priorité pour le
gouvernement. Mais surtout, l’Ethiopie vit aujourd’hui une phase de forte croissance, qu’accompagne le développement de nombreux secteurs de l’économie.

La Lettre Diplomatique - La revue des Relations internationales et diplomatiques depuis 1988 - Ethiopie

La Lettre Diplomatique - La revue des Relations internationales et diplomatiques depuis 1988 - Ethiopie

Comité des Amis Lyonnais de Barack Obama, "Diversité News"

Comité des Amis Lyonnais de Barack Obama, "Diversité News"

lundi 20 octobre 2008

Soeur Emmanuelle est décédée


Soeur Emmanuelle est décédée aujourd'hui, à l'âge de 99 ans. La sainte belge s'est éteinte cette nuit, durant son sommeil, à la maison de retraite de Callian, dans le Var, où elle vivait depuis 1993, année de son retour d'Egypte.

Soeur Emmanuelle — née Madeleine Cinquin — aurait fêté ses 100 ans dans moins d'un mois, le 16 novembre prochain. Nul doute que, même sans elle, les célébrations soient à la hauteur de sa popularité et de l'impact de ses actions caritatives.

Entrée au couvent à 20 ans contre l'avis de sa mère, elle avait prononcé, trois ans plus tard, ses voeux de religieuse dans la congrégation catholique romaine Notre-Dame de Sion.

Quand vient l'âge de sa retraite, en 1971, elle décide, après une vie passée à enseigner (tout particulièrement en Egypte), d'apporter son soutien aux exclus et aux démunis, mettant l'accent sur l'amélioration des conditions de vie, la santé, et, évidemment, l'éducation des enfants, et oeuvrant dans cette optique pour la création de dispensaires, d'écoles et de jardins d'enfants.

En 1980, la création d'ASMAE - Association Sœur Emmanuelle vient structurer ses actions et pérenniser ses engagements. L'association, qui agit aujourd'hui dans huit pays, a pu prolonger les voeux et les chantiers de Soeur Emmanuelle, tandis que celle-ci, après son retour en France en 1993, multipliait les actions de solidarité sur le terrain, avec un style exubérant et un sens du contact largement à l'origine de sa notoriété… et du chagrin qui nous habite aujourd'hui.

Elevée au grade de Commandeur, puis de Grand Officier de la Légion d'honneur, successivement par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy (le 31 janvier de cette année), celle qui ne connaissait pas la langue de bois a déserté notre monde et laisse de nombreux orphelins d'elle.

On ne peut s'empêcher de rapprocher sa disparition de celles de Mère Teresa (qui menait des actions similaires dans un autre style), en 1997, et de l'Abbé Pierre, décédé en janvier 2007.

Des personnalités sans lesquelles nous sommes tous démunis…

dimanche 19 octobre 2008

Les bénéficiaires de l'aide d'urgence se comptent désormais à 6,4 millions


En Éthiopie, plus de six millions de personnes ont aujourd’hui besoin de recevoir une aide alimentaire d’urgence en raison de la sécheresse et du prix de plus en plus élevé des vivres, selon le gouvernement, qui a revu à la hausse ses estimations de juin (4,6 millions de personnes dans le besoin). En avril, le chiffre officiel était de 2,2 millions.

« D’après les conclusions d’une évaluation conjointe des [petites saisons des pluies] belg/gu, accompagnée d’une série d’entretiens avec les gouvernements régionaux concernés, le nombre des bénéficiaires de l’aide d’urgence a été porté de 4,6 millions à 6,4 millions, dont 76 pour cent sont originaires de la région Somali, de la région d’Oromiya et de la région des Nations, nationalités et peuples du Sud (RSNNP) », a déclaré Mitiku Kassa, ministre étatique de l’Agriculture et du Développement rural, aux bailleurs et aux médias, le 14 octobre.

« L’insécurité alimentaire générale, la prévalence de la malnutrition aiguë, les pénuries graves de pâturages et d’eau pour l’élevage et les maladies causées par la sécheresse ont aggravé la situation d’urgence », selon Mitiku Kassa.

Le gouvernement et les partenaires humanitaires ont sollicité la somme de 265,6 millions de dollars pour l’achat de vivres (218 millions de dollars pour 270 245 tonnes de nourriture et 7,8 millions de dollars pour mettre en place un Programme de compléments alimentaires ciblé, dans le cadre duquel des aliments composés enrichis et de l’huile alimentaire sont fournis aux enfants atteints de malnutrition modérée, ainsi qu’aux femmes enceintes et allaitantes).

« La distribution d’aliments complémentaires pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes doit être non seulement maintenue, mais aussi déployée, des cas de malnutrition étant signalés dans différentes régions, et notamment dans les régions du Tigré, d’Oromiya et d’Afar ainsi que dans la RSNNP », a indiqué Mitiku Kassa.

Toujours dans le cadre de l’appel, un peu moins de 40 millions de dollars ont également été sollicités, qui seront consacrés à la santé, à l’eau et l’assainissement, ainsi qu’à l’agriculture et au bétail.

« La concurrence pour l’obtention de ces maigres ressources est progressivement devenue de plus en plus acharnée », selon le ministre d’Etat. « En tant que membres de la communauté mondiale, nous ressentons l’impact des contraintes alimentaires mondiales ».

Le gouvernement éthiopien et ses partenaires humanitaires ont sollicité la somme de 325,2 millions de dollars pour pouvoir répondre aux besoins en ressources alimentaires et non-alimentaires, en juin 2008. « La contribution a été considérable, mais sans aucun doute moins importante que ce à quoi nous nous attendions », a expliqué Fidele Sarassoro, Coordinateur résident des Nations Unies et Coordinateur de l’action humanitaire. « Nous avons estimé qu’environ 60 à 65 pour cent de la somme requise avait été accordée ».

Le 10 octobre, Oxfam, convenant de la nécessité d’obtenir davantage de fonds, a appelé tous les bailleurs à se montrer généreux face à la crise, de plus en plus grave, qui touche l’Éthiopie. « Comparé aux fonds versés pour soutenir le système financier mondial, l’aide nécessaire pour sauver des vies en Éthiopie est une goutte dans l’océan », a estimé Waleed Rauf, directeur pays d’Oxfam. « Nous avons besoin que les bailleurs réagissent urgemment face à une insécurité alimentaire grave et aux vulnérabilités sous-jacentes de pays comme l’Éthiopie ».

« Le nombre, revu à la hausse, des personnes nécessitant une aide d’urgence est sans doute une estimation prudente et ne tient pas compte des 7,2 millions d’Éthiopiens touchés par une pauvreté chronique, à tel point qu’ils reçoivent des fonds ou une aide alimentaire gouvernementale chaque année, dans le cadre du programme "filets de sécurité " productifs, a ajouté M. Rauf. Plus de 13,5 millions d’Éthiopiens ont besoin d’aide pour survivre. Le nombre de ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire et de dénuement graves est monté en flèche ».

jeudi 16 octobre 2008

La famine menacerait près d'un milliard de personnes


Près d'un milliard d'habitants des pays en développement sont menacés par la famine dans le sillage de la hausse du prix des aliments, selon un rapport de l'organisation humanitaire britannique Oxfam.

L'inflation galopante du prix des aliments de base, comme le riz et les céréales, a poussé cette année 119 millions de personnes de plus dans une situation de famine, ajoute l'organisation dans son rapport publié à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation organisée jeudi par l'Onu.

Au total, quelque 967 millions de personnes souffrent actuellement de malnutrition, a indiqué Oxfam.

Barbara Stocking, directrice générale d'Oxfam, a estimé que la hausse du coût des aliments avait eu un effet "dévastateur" sur certaines populations, citant en exemple le bond de 300% du prix du blé au Guatemala, le doublement du prix de la farine et du riz au Cambodge et aux Philippines, l'an dernier.

"Des vies innocentes ont été brisées par leur exposition à la volatilité des marchés", a-t-elle relevé.

"Il est temps que le monde se rende compte de la nécessité que les gouvernements des pays en voie de développement aident leurs agriculteurs frappés par la pauvreté, et de l'obligation des pays industrialisés de les y aider", a-t-elle poursuivi.

Oxfam lance jeudi un appel aux dons pour lever 15 millions de livres (19 millions d'euros) afin de financer ses opérations d'assistance.

Dans un rapport distinct, l'organisation CARE international a précisé que 17 millions d'habitants de la Corne africaine étaient menacées par la famine, dont 6,4 millions uniquement en Ethiopie et la moitié de la population somalienne.

Catastrophes naturelles (notamment sécheresses), conflits et hausse des prix alimentaires sont autant de facteurs qui, cumulés, ont poussé des millions de personnes vers la famine, selon ce rapport.

"Ajoutez à cela la crise financière, et les choses pourraient difficilement être pires", a relevé Jonathan Mitchell, directeur de CARE international

Comité des Amis Lyonnais de Barack Obama, "Journal of the french minorities and Obamania"

Comité des Amis Lyonnais de Barack Obama, "Journal of the french minorities and Obamania"

L'Éthiopie lance un appel à ne pas oublier l'Afrique


L'Éthiopie, frappée par la famine et la sécheresse, a appelé la communauté internationale à ne pas oublier l'Afrique en dépit de la crise financière qui frappe les économies du monde entier.

Le secrétaire d'État éthiopien à la sécurité alimentaire, Mitiku Kassa, a estimé mardi au cours d'une conférence de presse à Nairobi que, "en dépit de la crise financière, ils (la communauté internationale) doivent porter leur attention sur les pays pauvres. Mon message au monde est: "N'oubliez pas l'Afrique" ".

Evoquant parallèlement la crise alimentaire que traverse l'Éthiopie, M. Mitiku a renouvelé un appel pour 265,6 millions de dollars (194,5 million d'euros) pour aider les millions de personnes menacées par la famine et la sécheresse dans ce pays de la Corne de l'Afrique.

"Les effets combinés des conditions climatiques défavorables et de la hausse globales des prix qui ont aggravé l'insécurité alimentaire nous forcent à revoir à la hausse nos besoins en aide", a-t-il expliqué.

Le gouvernement éthiopien a confirmé les chiffres annoncés pendant le week-end par l'ONU et l'ONG Oxfam qui indiquent une augmentation de 40% du nombre de personnes ayant besoin d'une aide alimentaire d'urgence en Éthiopie.

M. Mitiku a souligné que plus de 270.000 tonnes de nourriture sont nécessaires pour faire face aux besoins de 6,4 millions de personnes affectées par une faible pluviométrie, la flambée des prix et la baisse de production, notamment dans les régions Oromo et Somali.

"Nous sommes confrontés à des défis énormes, particulièrement dans la région Somali. Nous devons reconnaître la réalité de ces chiffres fournis par le gouvernement", a estimé Fidèle Sarassoro, coordinateur des agences onusiennes en Éthiopie.

La sécheresse replonge les Éthiopiens dans les sombres souvenirs des terribles famines des années 1980 qui avaient fait des millions de morts, notamment à cause des déplacements forcés organisés par le régime en place à l'époque.

mercredi 15 octobre 2008

Comité des Amis Lyonnais de Barack Obama, "Journal of the french minorities and Obamania"

Comité des Amis Lyonnais de Barack Obama, "Journal of the french minorities and Obamania"

Pas de nourriture, pas d'éducation

Les écoles d’Éthiopie ont ouvert pour cette nouvelle année scolaire, mais dans certaines régions, l’insécurité alimentaire grave empêche des milliers d’enfants d’aller en classe.

« À cette période, l’année dernière, nous avions déjà inscrit 2 300 élèves », a indiqué Solomon Desta, directeur de l’école primaire Bashiro, à Bona, une région de la zone de Sidama, dans la Région des nations, nationalités et peuples du Sud (SNNPR). « Aujourd’hui, nous avons 1 800 inscrits ».

Cette fois-ci, M. Desta s’était préparé à recevoir 2 500 enfants, car il avait été contraint, l’an dernier, d’en envoyer certains dans d’autres écoles, Bashiro ne pouvant tous les accueillir.

L’établissement a reporté la date limite d’inscription de 15 jours à compter du 1er septembre, mais le nombre des inscrits n’a pas augmenté. « C’est le taux d’inscription le plus faible [que nous ayons eu] ces trois dernières années », a indiqué M. Desta à IRIN.

Les parents des enfants non-scolarisés ont expliqué qu’ils ne pouvaient pas les envoyer à l’école, n’ayant que peu, voire pas de nourriture à leur donner.

Au village de Shemna Hurufa, également situé dans la zone de Sidama, le seul établissement primaire allant du CP au CM1 s’était préparé à accueillir au moins 800 élèves cette saison, mais seuls 710 s’étaient inscrits au 26 septembre.

« Vu la taille de notre kébélé [sous-division administrative], nous nous attendions à ce que de nombreux enfants [s’inscrivent à l’école] », a expliqué Lema Harriso, le directeur. « Il y a environ 400 enfants d’âge scolaire dans notre kébélé, mais seuls 260 sont inscrits ».

En septembre, l’année dernière, a indiqué M. Harriso, 860 enfants étaient inscrits, mais 200 avaient arrêté avant la fin de l’année scolaire, en juin.

Et ces écoles ne sont que deux exemples parmi tant d’autres des nombreux établissements où le taux d’inscription a chuté en raison des pénuries d’eau et de nourriture qui frappent l’Éthiopie.

Henok et son frère Amanuel dans un centre thérapeutique pour les enfants malnourris
Des précipitations inférieures à la moyenne

Selon le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS Net), le degré extrême d’insécurité alimentaire perdure dans les régions sud et sud-est de l’Ethiopie.

Différents facteurs expliquent cette situation : plusieurs saisons successives de précipitations inférieures à la moyenne, des inondations dans les zones riveraines, les maladies du bétail, une infestation de noctuelles ponctuées, le conflit, l’aide humanitaire insuffisante, et les prix extrêmement élevés et croissants des vivres.

La région d’Oromiya, la SNNPR, les régions du Tigré et d’Amhara, et la région Somali sont les plus touchées par l’insécurité alimentaire, avec 297 woredas (divisions administratives) considérées comme des points chauds, où des taux de malnutrition aiguë critiques et graves ont été signalés.

Une aide d’urgence doit être apportée aux populations de toute la région Somali, et principalement des zones de Fik, Warder, Gode, Dagabhur, Korahe, Liben et Afder, au vu de l’aggravation rapide des conditions de sécurité alimentaire, ces 18 derniers mois, a indiqué FEWS Net, dans un bulletin d’information daté du 29 septembre.

Dans ces régions, la situation s’avère désespérée pour les parents. « Pour les familles pauvres, les coûts de base des fournitures scolaires sont désormais complètement prohibitifs », a déclaré l’organisation non-gouvernementale (ONG) Save the Children, le 26 septembre.

« Tout leur argent doit être consacré à leur quête de nourriture ; dans nombre de cas, les enfants ne mangent pas assez pour pouvoir faire le trajet jusqu’à l’école, et ne parviennent pas à se concentrer une fois sur place », a en outre indiqué l’organisme.

En juin, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a fait état d’un taux élevé d’abandon scolaire, cette année, dans les régions d’Oromiya et du Tigré, ainsi que dans la région Somali et la SNNPR.

« L’éducation [des enfants] a été perturbée dans les régions touchées par la sécheresse ; cette situation a provoqué une diminution de la fréquentation scolaire, une augmentation du taux d’abandon, et la migration des enseignants, qui quittent les écoles dans lesquelles ils ont été affectés, selon les informations actuelles, provenant des différentes zones de la région d’Oromiya, de la SNNPR et de la région Somali », selon l’agence.

Malnutrition

Un grand nombre d’enfants de Shemna Hurufa souffrent également de malnutrition, et nombre d’entre eux reçoivent une assistance thérapeutique.

Amanuel Eleso, 25 ans, a amené son frère Henok, huit ans, au centre lorsqu’il s’est rendu compte que celui-ci était malade. « Notre mère est morte il y a six ans. Il n’y a personne pour s’occuper de Henok ».

Fils aîné d’une famille dont le père est âgé et faible, Amanuel avait pris son frère Henok à sa charge, en plus de ses trois enfants. Il a aussi fini par accueillir sous son toit ses frères de 10 et 13 ans.

Mais la lutte qu’il mène pour nourrir à la fois ses frères et ses propres enfants est bien trop dure.

« Les pluies étant erratiques, nous ne produisons pas assez de maïs », a expliqué Amanuel. « La prochaine récolte ne nous suffira que pour trois ou quatre mois ».

Dans la zone de Sidama, les populations dépendent à la fois de la petite saison des pluies et de la saison des pluies principale. Le belg, la petite saison des pluies, dure de mars à avril, et la saison principale, de juin à la mi-septembre.

Selon les travailleurs de la santé, les deux saisons n’ont pas été abondantes, cette année.

Lema Harriso, directeur de l'école primaire de Shemna Hurufa
Dans le woreda de Hwassa Zuria, où vit Amanuel, une enquête nutritionnelle menée en mai et juin par l’ONG Goal et l’unité régionale de coordination nutritionnelle d’urgence a révélé un taux élevé de malnutrition aiguë sévère (5,5 pour cent, dont 1,6 pour cent avec œdème), et un taux global de malnutrition aiguë de 29,9 pour cent.

Dans l’ensemble du pays, selon les estimations du gouvernement, 6,4 millions d’Ethiopiens auront besoin de recevoir une aide alimentaire dans les prochains mois, dont 1,9 million dans la région Somali.

Ce nombre ne tient pas compte des 5,7 millions de bénéficiaires du Productive Safety Net Programme [Programme « filet de sécurité » productif] dans les régions touchées par la sécheresse, qui reçoivent des fonds et des vivres, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Des denrées coûteuses

Selon FEWS Net, les prix continuent d’augmenter, réduisant ainsi l’accès des populations urbaines pauvres, des fermiers pauvres des régions rurales et des populations pastorales et agropastorales à l’alimentation.

« Les prix des céréales sont extrêmement élevés par rapport à ceux pratiqués l’année dernière, à la même période, mais aussi comparé à la moyenne des cinq dernières années », selon FEWS Net. « À Addis-Abeba, le prix nominal du maïs blanc au détail était respectivement 176 pour cent et 224 pour cent plus élevé ».

Amanuel a expliqué qu’il n’avait désormais plus les moyens de bien alimenter les enfants.

« Quand j’ai emmené Henok se faire ausculter, ils m’ont dit que je devais le nourrir correctement », a-t-il raconté. « Où est-ce que je peux me procurer la nourriture dont ils me parlent ? ».

Comité des Amis Lyonnais de Barack Obama, "Journal of the french minorities and Obamania"

Comité des Amis Lyonnais de Barack Obama, "Journal of the french minorities and Obamania"

dimanche 12 octobre 2008

MON coup de coeur : " les belles choses que porte le ciel"



Dinaw Mengestu, qui vit actuellement à New York, est né en 1978 en Ethiopie. En 1980, tout comme le héros de son roman, il trouve refuge en Amérique avec ses parents qui fuient la révolution. A l’instar de son personnage dont on se plaît à sonder les blessures de l’âme, la plume de l’écrivain se fait attachante et pertinente. L’auteur développe un point de vue sur le statut d’immigré en Occident très novateur à bien des égards. Les belles choses que porte le ciel de Dinaw Mengestu, un titre emprunté à l’Enfer de Dante, est une aventure au coeur de la nostalgie et du manque qui mérite d’être tentée.

Résumé du livre

Le jeune Sepha a quitté l’Ethiopie dans des circonstances dramatiques. Des années plus tard, dans la banlieue de Washington où il tient une petite épicerie, il tente tant bien que mal de se reconstruire, partageant avec ses deux amis, Africains comme lui, une nostalgie teintée d’amertume qui leur tient lieu d’univers et de repères. Mais l’arrivée dans le quartier d’une jeune femme blanche et de sa petite fille métisse vont bouleverser cet équilibre précaire

Comité des Amis Lyonnais de Barack Obama, "Journal of the french minorities and Obamania"

Comité des Amis Lyonnais de Barack Obama, "Journal of the french minorities and Obamania"

mercredi 8 octobre 2008

L'écrivain Marek Halter sur les traces de la reine de Saba

ETHIOPIE - 5 octobre 2008 - AFP
Soixante-quinze ans après André Malraux, l'écrivain français Marek Halter s'est lancé en Éthiopie sur les traces de la reine de Saba, personnage fondateur de l'histoire éthiopienne et héroïne de son dernier roman.

"Ce personnage m'intéresse parce que c'est une femme qui met au défi le roi Salomon, non pas sur le champ de bataille mais sur le champ de l'intelligence", explique le romancier dont le livre sur la souveraine s'inscrit dans la continuité de se son travail sur les femmes dans la Bible qui l'a conduit à faire "revivre" Sarah, la compagne d'Abraham, et Tsipporah, la femme noire de Moïse.

"Pour ceux qui se battent comme moi contre le racisme, la reine de Saba est aussi la première personne de couleur qui rejoint par la grande porte le paysage mythique du monde blanc", commente-t-il.

La reine de Saba est décrite dans un court passage de la Bible alors qu'elle visite le roi Salomon à Jérusalem.

Cette rencontre est considérée en Éthiopie comme fondatrice de la dynastie des Empereurs puisque l'histoire éthiopienne affirme que les deux souverains ont eu un enfant, Ménélik, premier roi d'Éthiopie, qui a rapporté les Tables de la loi dans son pays.

"L'histoire de la reine de Saba fait partie de notre héritage. C'est notre généalogie", déclare Mariam Senna, petite-fille du dernier empereur Hailé Sélassié: elle est "allée apprendre du roi Salomon, le plus sage des rois de l'époque, pour ramener ce savoir en Éthiopie. Pour nous ce n'est pas un mythe".

Lors de son périple abyssin, l'écrivain s'est rendu dans les hauts lieux de la royauté éthiopienne, là où se rencontrent mythes et Histoire: Gondar, Axoum, Lalibela.

Récemment des archéologues allemands ont affirmé avoir "découvert" les vestiges du palais de cette reine légendaire à Axoum (nord).

Les ruines, datant du Xe siècle avant Jésus Christ, ont été retrouvées sous d'autres vestiges, ceux du palais d'un roi chrétien, selon l'Université de Hambourg qui dirige ces recherches.

Mais les archéologues ne s'accordent pas tous à reconnaître dans ces ruines le palais de la souveraine.

"Rien ne permet d'affirmer qu'il s'agit de son palais. Il n'y a aucune preuve établie pour le moment", explique François Xavier Fauvelle, directeur du Centre français des études éthiopiennes à Addis Abeba.

"Jusqu'à présent les recherches archéologiques et épigraphiques montrent que la légende de la reine de Saba a pris corps en Arabie du Sud et du reste un royaume de Saba est très bien documenté au Yémen dans l'Antiquité", note-t-il.

"Les légendes ont circulé des deux côtés de la mer Rouge de la même façon que les langues et les religions. L'Ethiopie, l'un des plus vieux États chrétiens du monde, s'est appropriée la reine de Saba à partir d'interprétations très anciennes de la Bible", relève-t-il.

Marek Halter, lui, ne fait œuvre ni de journaliste, ni d'archéologue: "je suis un conteur", confie-t-il à l'AFP: "je veux faire rêver les gens et partager avec eux quelques connaissances. Mais je pense que ceux qui auront lu ce livre ne regarderons plus leurs voisins noirs de la même façon".

"J'ai voulu réhabiliter l'image de la femme dans les trois grandes religions monothéistes: aujourd'hui en France, les filles issues de l'immigration ont besoin de modèles issus de leur propre culture", explique le parrain de l'association française Ni Putes Ni Soumises, qui lutte pour les droits des femmes dans les banlieues françaises.

Pour lui, "il est important de rappeler que l'Afrique est la gardienne des Tables de la loi. En racontant la reine de Saba, je parle aussi d'une histoire d'aujourd'hui: c'est un plaidoyer contre le racisme", juge-

TV5.org - infos

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jeudi 2 octobre 2008

Débat élections américaines


Après Soir 3 : Débat élections américaines


Barbara Hendricks, cantatrice
Célèbre cantatrice, elle a chanté dans les opéras du monde entier. En 30 ans de carrière, elle a réalisé plus de 80 enregistrements et vendu plus de 12 millions de disques. Elle est aussi depuis longtemps engagée dans l’humanitaire notamment pour la cause des réfugiés avec le Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (UNHCR).
Elle est née aux Etats-Unis (dans l’Arkansas) mais elle vit en Suède et elle a désormais la nationalité suédoise.
En 2006 elle a quitté sa maison de disque et créé son propre label, qui s’appelle Arte Verum. Son nouveau disque, « Barbara sings the blues », reprend entre autres plusieurs titres de Billie Holiday. Elle sera sur la scène de l’Olympia le 14 octobre prochain.


Guy Sorman, essayiste
Il a pendant des années enseigner l’économie à Sciences Po Paris et dans de nombreuses universités à l’étranger (Chine, USA, Russie, Argentine). Essayiste et éditeur (Editions Sorman), il partage aujourd’hui son temps entre Paris et New-York. Des Etats-Unis auxquels il s’intéresse depuis les années 80, notamment à travers plusieurs essais : « La Révolution conservatrice américaine » (1983) ; « Made in Usa »
(1996) ou encore dans son dernier livre « L’économie ne ment pas » (Fayard, fév.2008).

Yves Roucaute, philosophe
Président de l’Institut de l’Europe Libre, agrégé de philosophie et de science politique, il est professeur d’université à Nanterre, où il dirige notamment en philosophie politique un séminaire d’introduction à la pensée américaine. Auteur de nombreux ouvrages - « La Puissance de la liberté », « Les Démagogues », « La République contre la Démocratie » ou encore « le Néoconservatisme est un humanisme », il a récemment publié « Vers la fin des civilisations : le retour de la spiritualité » (Alban Editions).


Jacques Mistral, économiste
Il est docteur en sciences économiques et directeur des études économiques à l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales).
Il a été successivement conseiller économique du Premier ministre Michel Rocard, conseiller spécial du ministre des Finances Laurent Fabius, puis conseiller financier à l’ambassade de France à Washington (depuis 2001).
Il est aujourd’hui membre du Conseil d’analyse économique, du Cercle des économistes, et il vient de publier un essai intitulé « La troisième révolution américaine » .


Eddy L. Harris, écrivain
C’est un écrivain américain (né à Indianapolis), installé en France depuis
6 ans, actuellement en résidence à Vincennes (92) dans le cadre du « Festival America » qui s’est tenu du 26 au 28 septembre derniers. Il a écrit cinq livres : « Mississipi Solo » (1988), « Native Stranger » (1992), « South of Haunted Dreams » (1993), « Jupiter et Moi » (2005). Votre livre « Harlem » publié en 2000, vient d’être réédité en poche. Il travaille actuellement sur son prochain livre, pour lequel il a d’ailleurs rencontré il y a quelques jours à Chicago, l’équipe de campagne de Barack Obama.


Sylvie Laurent, Maître de conférence à Science Po.
Elle est à la fois historienne de formation et docteur en littérature américaine. Elle a fait sa thèse sur « le pauvre blanc dans le roman américain ». Elle est aujourd’hui maître de conférence à Sciences-po Paris, où elle enseigne l’histoire politique et littéraire des Africains-Américains.
Elle vient de publier « Homérique amérique », un recueil de textes sur les mythes américains dans la culture populaire.