mardi 3 mars 2009


JOURnEE internationale de la femmeÀ Villeurbanne, la journée de la femme est un temps qui rassemble, un temps pour découvrir les cultures d’ailleurs et l'engagement de la femme. Après l’Arménie avec Marinée Pétrossian, le Vietnam avec Duong Thu Huong, l’Algérie avec la sociologue Nacira Guénif-Souilamas, la Ville a choisi cette année de célébrer cette fête avec une grande résistante et trois ambassadrices de pays africains.




"LE ROLE DES FEMMES DANS LA RESISTANCE" - Jeudi 5 mars à 19h00

>> INTERVIEW de Marie Chombart de Lauwe

C'est une présence rare, une parole forte qu'il faut absolument entendre. Marie-José Chombart de Lauwe, Française entrée dans la Résistance à 17 ans, déportée à Ravensbrück et Mauthausen, sera à Villeurbanne, jeudi 5 mars, pour parler du rôle des femmes dans la Résistance. A 86 ans, son combat contre le racisme et l'extrémisme ne faiblit pas. Le récit de sa vie recèle des messages essentiels.

> Quel était le rôle des femmes pendant la Résistance ?

Marie-José Chombart de Lauwe : Les femmes ont joué un rôle primordial et vital dans la base de l'organisation, malheureusement souvent minimisé. Les réseaux étaient dirigés par des hommes, sauf exception, et il n'y a eu que six femmes nommées Compagnons de la libération après la guerre. La plupart d'entre elles ne menaient pas d'actions spectaculaires, elles n'étaient pas au front. Par contre, elles accueillaient, cachaient, tiraient des tracts, servaient d'agents de liaison, livraient des armes… On se méfiait moins d'elles que des hommes. J'ai rencontré des femmes remarquables, comme France Bloch-Sérazin, résistante, juive et communiste, ou Germaine Tillion, avec qui j'étais dans le même block à Ravensbrück, et d'autres, plus modestes, venues de tous les milieux. Mais nous n'étions pas des héroïnes, pour nous il n'y avait pas d'autre solution que la lutte.

Vous aviez 17 ans quand vous êtes entrée dans la Résistance en 1940. Pourquoi cet engagement ?

M.-J. C.de.L. : Grâce à mes parents. Mon père était pédiatre, ma mère sage-femme, ils avaient un grand sens de la justice sociale, ont refusé l'Occupation et l'horreur du nazisme. Nous étions sur l'île de Bréhat, en face de l'Angleterre. Cette situation géographique nous a permis d'organiser des évasions vers l'Angleterre. Nous ne pouvions pas rester passifs. En 1942, nous avons été dénoncés, j'ai été arrêtée et déportée à Ravensbrück, le camp de concentration des femmes. Là-bas, je m'occupais des nouveaux-nés. Ils mouraient presque tous, de maladie ou de dénutrition. Mon père, lui, est mort à Buchenwald.

Vous intervenez souvent dans les lycées, que transmettez-vous aux jeunes générations, soixante-dix ans après ?

M.-J. C.de.L. : Les jeunes me demandent souvent quelle aurait été mon attitude si j'avais imaginé les souffrances et les humiliations qui nous attendaient. Je réponds que oui, bien sûr, je recommencerais et que je saurais mieux agir en connaissance de cause. Je témoigne de ce qui s'est passé, les engage à se battre pour la liberté et le respect de l'être humain. Il faut toujours rester vigilant.

AGENDA : Les femmes dans la Résistance - Conférence-débat, jeudi 5 mars à 19 h – entrée libre – le Rize – 23-25 rue Valentin-Haüy à Villeurbanne – tél : 04 37 57 17 17. Roger Pestourie, ancien résistant, interviendra également au cours de cette rencontre, organisée par l'Anacr (Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance), l'AFMD (Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation) et la FNDIRP (Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes).




>> LA JOURNEE DES FEMMES ENGAGEES - Samedi 7 mars

Une conférence et des spectacles. L'association France Ethiopie propose de réfléchir à la place des femmes dans la société, à travers plusieurs formes d'expression.

Samedi 7 mars, l'association France Ethiopie propose une après-midi de réflexion sur le thème : "Qu'est-ce qu'une femme engagée ?" Temps fort de la manifestation, une conférence réunira une dizaine de femmes venues d'horizons différents. Toutes, à leur manière, jouent un rôle dans la cité. Parmi elles, Tadelech Haile-Mikael, ambassadeur d'Ethiopie en France ou Elizabeth Paula Napeyok, ambassadeur d'Ouganda à l'Unesco. La réflexion sera accompagnée de moments festifs : spectacles de danse, lecture de poésie ou pièce de théâtre. Avec énergie, humour ou tendresse, tous placent la condition des femmes au centre de leurs créations. "La liberté à laquelle chaque être humain a droit passe par le féminisme. A travers cette journée, nous souhaitons mettre en avant toutes ces femmes qui, chaque jour, apportent un peu de chaleur et d'humanité autour d'elles", explique Shoki Ali Said, président de l'association France Ethiopie.

AGENDA : La journée des femmes engagées – samedi 7 mars à partir de 14 h 30 – Centre culturel et de la vie associative – 234 cours Emile-Zola – tél : 04 78 84 75 86.





Télécharger le programme des manifestations organisées (PDF)

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