vendredi 25 juin 2010

Le G8 pressé d'honorer ses engagements d'aide à l'Afrique

HUNTSVILLE, Canada - Les grandes nations industrialisées se sont retrouvées vendredi pour discuter des moyens d'honorer leurs engagements en termes d'aide au développement malgré leurs situations budgétaires tendues.
Réunis à Huntsville au bord d'un lac en pleine campagne à 200 km au nord de Toronto, les pays du G8 - Etats-Unis, Allemagne, Japon, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie - doivent également évoquer les moyens d'associer les grandes économies émergentes à la gouvernance de la planète.
Tout le monde se retrouvera samedi dans la capitale économique du Canada pour un sommet du G20 dominé par la question des stratégies de sortie de crise économique, source de divergences entre les Etats-Unis et leurs alliés européens.
La présidence canadienne du G8 a décidé d'associer l'Afrique aux travaux du sommet de Huntsville, qu'elle entend placer sous le signe du respect des engagements en matière d'aide publique au développement sachant que, sur les 50 milliards de dollars supplémentaires promis par le groupe en 2005, 18 milliards manquent à l'appel.
"Nous devons reconnaître que nous n'avons pas tenu tous les engagements", a reconnu le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso à quelques heures de l'ouverture du sommet. "Si nous voulons y parvenir, il faudra accélérer," a-t-il dit à des journalistes.
OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE
Sept pays africains - Algérie, Afrique du Sud, Egypte, Ethiopie, Malawi, Nigeria et Sénégal - ont été invités par le Canada, qui a décidé de mettre l'accent au sein du G8 sur deux des huit "objectifs du millénaire" adoptés en 2005 pour lutter contre la pauvreté dans le monde, ceux qui concernent la protection maternelle et infantile.
"C'est un domaine dans lequel l'ensemble de la communauté internationale a pris du retard", reconnaît-on de source française.
Le Canada devrait annoncer un investissement d'un milliard de dollars pour ces programmes. D'autres pays devraient suivre.
A Gleneagles, en Ecosse, il y a cinq ans, le G8 avait promis d'augmenter son aide annuelle au développement de 50 milliards de dollars, dont 25 milliards pour l'Afrique. Dans un rapport publié pour le sommet de Huntsville, la Banque mondiale, se basant sur des chiffres de l'OCDE, a indiqué qu'il n'avait apporté que 11 des 25 milliards promis au continent noir.
Elle invite les membres du G8 à tenir leurs engagements en soulignant que les ressources des plus pauvres ont été mises à mal par deux années de crise de l'économie mondiale.
L'organisation caritative Oxfam estime à trois milliards de dollars le manque à gagner sur la période provenant de la baisse des exportations et de l'aide étrangère pour l'Afrique.
Trois autres pays du Sud - Colombie, Haïti et Jamaïque - participeront avec les Africains présents à une autre session de travail du G8 consacrée vendredi après-midi aux "menaces émergentes contre la sécurité", notamment les circuits de la drogue vers les pays développés qui transitent aujourd'hui de plus en plus par l'Afrique de l'Ouest.
"GASPILLOMÈTRE"
"C'est un sujet de préoccupation croissante, une source importante de déstabilisation régionale qu'il faut traiter en partenariat", dit-on de source française.
Les pays du G8 achèveront leur sommet entre eux samedi matin par des échanges sur les sujets de tensions internationales du moment, l'Iran, la Corée du Nord et l'Afghanistan mais aussi le blocage du processus de paix au Proche-Orient.
Le G20 prendra le relais samedi en fin de journée à Toronto, où d'importantes mesures de sécurité ont été mises en place dans l'attente de plusieurs manifestations annoncées.
Les budgets de la sécurité du G8 et du G20 ont été officiellement estimés à 930 millions de dollars canadiens (près de 900 millions de dollars américains), suscitant une polémique dont s'est emparé le Parti libéral, la principale formation d'opposition au Premier ministre Stephen Harper.
Il a lancé sur son site internet un "gaspillomètre" (http://www.liberal.ca/fr/blog/18402_le-gaspillometre-du-g8g20) après avoir calculé que chaque seconde en coûtait 4.928,32 dollars.
"Pendant que vous ferez la vaisselle, tondrez le gazon ou préparerez le souper, vous pourrez constater combien d'argent, puisé à même vos poches, Stephen Harper aura dépensé inutilement durant le même temps", a déclaré le porte-parole du parti.
Edité par Yves Clarisse

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